« Pour faire confiance il faut d’abord se faire confiance. Le plus grand risque est de formater pour se rassurer. On perd alors tout le bénéfice de la différence » – Eric Bellion
Afin de parvenir à collaborer de manière efficace avec un être différent de soi, de par sa personnalité, son parcours ou encore son métier, il faut savoir faire confiance. Aussi difficile que cela puisse paraître, faire confiance à l’autre est indispensable si l’on veut mener une relation saine et pérenne. Oui, dans le monde de l’entreprise aussi…
Se faire confiance…
« Quand on s’engage dans une relation, qu’elle soit professionnelle, amicale ou amoureuse, la confiance en l’autre constitue la base de la réussite et du bonheur durable. Mais une relation constitue toujours une aventure… Or, dans toute aventure, il est important de trouver un équilibre entre la vigilance et l’insouciance. Et la confiance ne peut qu’être le fruit de l’assemblage entre ces deux éléments contradictoires ». Ces mots, proférés par Eric Bellion, fondateur du mouvement COMMEUNSEULHOMME lequel nous sommes partenaires depuis près d’un an, résonnent en nous comme une évidence, comme un mantra qui fait indubitablement écho, mais que trop peu d’entreprises suivent avec sincérité ou diligence.
Pourtant, c’est bien grâce à la confiance en l’autre que l’on peut lâcher prise dans les situations que l’on ne peut pas maîtriser seul. C’est aussi cette même confiance qui nous permet d’innover ensemble, grâce à des idées nouvelles et étrangères, sans être aveuglés par la peur de l’échec.
Avant de pouvoir faire confiance à nos collaborateurs, il faut bien-sûr pouvoir SE faire confiance et notamment faire confiance en ses propres compétences et en ses ressources internes. Se faire confiance constitue alors une véritable force face aux contraintes et obstacles que chacun rencontre malgré lui, tout au long de sa vie. Se faire confiance permet ainsi d’agir, et non plus d’uniquement subir…
« Le 6 décembre 2016, alors que je me trouvais dans l’océan Indien, un énorme grain a couché mon bateau », écrit Eric à propos de son expérience lors du Vendée Globe de 2016. « Sous la violence du choc, le safran tribord s’est brisé. Remplacer un safran, je l’avais déjà fait… Mais seulement au port, avec l’aide de cinq personnes de mon équipe ! En revanche, effectuer cette opération seul, dans la grande houle de l’océan austral, cela me paraissait hors de portée. Et pourtant… J’ai passé huit heures à sortir le gouvernail endommagé et deux autres à mettre en place le safran de rechange. Ce jour-là, j’ai compris que j’avais des ressources infinies et que je pouvais me faire confiance. »
Et accorder sa confiance
Frappé par un nouvel incident technique – panne de générateur – Eric a dû passer quelques heures en plus à remettre son bateau en état sur une mer déchaînée. Il explique alors que, lors de la réparation, il n’a pas songé une seule fois à surveiller son IMOCA. Pourtant, celui-ci a su affronter la tempête seul, avec ses propres compétences et habiletés de voilier…
Cette admirable métaphore nous pousse à comprendre qu’avoir confiance en l’autre et son expérience nous autorise quelques moments d’insouciances nécessaires pour se concentrer sur une tâche spécifique ou même pour souffler. Comme le résume si bien Eric, il est impératif de trouver le juste équilibre entre la vigilance et l’insouciance dans la collaboration avec l’autre. « Certains managers dépensent une énergie folle à contrôler leurs collaborateurs, comme je l’ai fait en surveillant mon bateau à chaque instant. En réalité, avec de tels comportements, on bride l’autre ! Et il ne peut exprimer son potentiel que lorsqu’on a pleinement confiance en lui et que, par voie de conséquence, on réussit à se montrer insouciant à son égard. »
Dans notre société actuelle, nous avons tous tendance à vouloir formater celui avec lequel on souhaite collaborer, supposément pour le faire rentrer dans les rangs… Or comparer l’autre à soi-même s’avère être totalement improductif voire ridicule. La différence est intrinsèque à l’être humain : personne ne partage les mêmes expériences, qu’elles soient personnelles ou professionnelles. Il est donc futile d’espérer pouvoir collaborer avec son clone… Jusqu’à preuve du contraire (ou d’une expérimentation scientifique réussie) : il n’existe pas ! Formater un collaborateur, c’est donc refuser son aventure et tous les bénéfices qui sont livrés avec.
« S’entendre sur l’essentiel »
Les vertus de la confiance ne sont pas une découverte nouvelle ou un principe inatteignable… « Faire confiance, c’est un peu le principe zéro », estime Yanniss, président de You Don’t Need Us : « Il faut pouvoir faire confiance mais aussi inspirer cette confiance pour pouvoir oser la différence, innover, atteindre l’harmonie en entreprise… C’est sans doute pour ça que c’est faire confiance et le principe le plus compliqué à appliquer, surtout dans le monde du travail où il y a beaucoup d’apparences, où les gens investissent moins de leur propre personne, où il est un peu moins grave de ne pas accorder sa confiance. Pourtant, cela reste tout de même un moteur de réussite. Les projets complexes qui aboutissent sont le résultat d’une équipe qui s’est fait confiance. »
Simplement, la clé se trouve dans la formulation d’un fondamental commun à chaque collaborateur. Avant de commencer à travailler ensemble, il est primordial de vérifier si les deux personnes concernées par la relation partagent le même objectif et perçoivent les mêmes enjeux. « Et cela requiert un travail énorme de communication », soutient Eric. Chez YDNU, on ne peut qu’acquiescer.
Nous en sommes convaincus : c’est en faisant cet important travail de communication, renforcé par une analyse compréhensive de l’entreprise et de ses enjeux et objectifs, que l’on parvient à instaurer un climat de confiance absolue. Parce que deux collègues aux parcours opposés ou aux opinions divergentes peuvent au moins s’entendre sur l’essentiel…
You Don’t Need Us
Photo d’illustration : © Chris Liverani