Après plus de 20 ans à écumer l’univers de l’IT, Yanniss (Président et Fondateur de You Don’t Need Us) s’est lancé dans la création d’une communauté destinée à bouleverser le Consulting. Entrez dans l’esprit d’un pionnier intrépide et prêt à tout (ou presque) pour booster le monde professionnel.
Chez You Don’t Need Us, quel est ton rôle ?
Je suis le Président de YDNU mais je n’aime pas trop ce mot car quand tu regardes son étymologie, il vient de præsidens, qui signifie ‘qui siège devant les autres’. Siéger, ça veut quand même dire assis, c’est pas trop dans le mouvement, donc je préfèrerais plutôt le terme d’‘éclaireur’. C’est plus le rôle dans lequel je dois m’inscrire.
Peux-tu nous expliquer un peu ton parcours et ce qui t’a amené à la création de YDNU ?
Je viens du monde de l’IT. Durant 21 ans, je suis passé par à peu près toutes les fonctions. J’ai commencé comme développeur puis suis arrivé de fil en aiguille au poste de DSI dans une grosse PME et filiale de grand groupe. J’ai donc eu pas mal de responsabilités dans le domaine. Juste avant de fonder YDNU, j’étais en charge de l’innovation et de tout ce qui a trait au digital.
Deux choses m’ont interpellé et amené à créer YDNU. D’abord, c’est qu’il y a tout un volant du marché du Conseil qui est délaissé : les PME et les TPE. Le deuxième constat, c’est que le Conseil est un modèle dont on ne sait pas mesurer la performance. On ne sait pas quel sont les critères de réussite, contrairement aux autres métiers. L’idée était donc de fonder une entreprise qui proposerait un modèle de Conseil performant et adapté aux petites entreprises.
Parle-nous un peu de ta personnalité. Quels sont les trois mots qui te décrivent le mieux ?
Le premier mot qui me vient, c’est ‘cartésien’, soit ‘qui s’attache aux faits’. Je trouve qu’il me correspond bien car je pense que lorsqu’on veut échanger avec quelqu’un, on essaye de trouver un minimum commun qui nous rassemble avec l’autre. Dans cette situation, les faits sont les concepts les plus faciles sur lesquels on peut se mettre d’accord au départ. C’est à partir de là qu’on peut laisser aller ses idées. Je dirais ensuite que je suis ‘pugnace’, dans l’idée de ne pas lâcher. Si l’on veut arriver à ce qu’une conviction aboutisse ou soit près d’aboutir, il ne faut rien lâcher. Enfin, le dernier mot que j’ai trouvé est ‘attentionné’, au sens large du terme. C’est-à-dire que je fais attention aux gens, mais aussi au contexte dans lequel j’évolue et aux énergie échangées…
Et si tu étais un super-héros, quel pouvoir aimerais-tu posséder ?
Voir au travers des apparences. Je pense que c’est très compliqué car les apparences sont multiples, surtout dans le monde professionnel. Il y a beaucoup d’apparences liées à l’histoire propre d’une entreprise, aux effets politiques qui lient les gens. Alors avec ce pouvoir, il serait beaucoup plus simple de comprendre ce qu’il y a derrière tout ça, de cerner l’enjeu réel d’une organisation. Grâce à ce pouvoir, je pourrais aller plus loin avec les gens, je pourrais mieux construire avec eux, mieux créer.
En clair, ce pouvoir te permettrait d’exceller dans ton métier de consultant.
Oui. Pour exceller dans ce rôle, il faut comprendre exactement ce qui est attendu de nous dans une organisation. Or celles-ci portent beaucoup de faux-semblants, d’éléments hérités qui font partie de ces apparences parfois trompeuses ou pas assez transparentes pour deviner ce qu’il se passe derrière.
De quel personnage figuratif de YDNU te sens-tu le plus proche ?
Je me sens particulièrement proche du punk. Bon, je n’ai rien d’un punk et cela risque d’être de plus en plus compliqué au niveau capillaire… Mais ce que j’aime chez ce symbole, c’est l’énergie qu’il dégage. À mes yeux, il crie une conviction. Il partage haut et fort quelque chose qui lui tient à cœur. C’est un cri, mais un cri positif, qui encourage à avancer. Ce punk caricature en quelque sorte l’une des citations d’Elon Musk que j’aime bien : ‘il faut avancer par petits pas mais furieusement’.
En tant que fondateur de YDNU, qu’est-ce qui te plaît le plus dans cette aventure ?
Ce qui me plait le plus, c’est d’abord le fait d’agréger des personnes qui veulent essayer de faire quelque chose de différent ainsi que le défi que cela représente : cette partie- là est très intéressante mais est aussi assez complexe. L’autre aspect qui me plait et me motive, c’est de créer quelque chose qui n’existe pas. On a créé un nouveau modèle avec YDNU. On fait du conseil au succès dans la durée, spécialement pour les PME et TPE.
La dernière chose qui me plaît beaucoup, c’est de chercher et intégrer des personnes différentes par nature. Nous avons par exemple travaillé avec une anthropologue, avec un développeur IT ou encore avec un ancien patron de Carrefour. Ce sont des personnes qui n’ont a priori rien en commun et pourtant, ça fonctionne. Avec une telle équipe, on a fait de belles choses et on en fera encore.
Parier sur cette différence pour prospérer paraît plutôt complexe. Comment fais-tu pour que cette formule fonctionne ?
Il est vrai qu’on est parfois confronté à des enjeux auxquels on ne s’attend pas. Il faut alors faire preuve d’une véritable écoute et faire et prêter attention à ceux qui veulent faire partie de l’aventure. Si l’on veut construire avec toutes ces personnes, il faut établir un recrutement de qualité être capable d’intégrer de nouveaux profils dans nos projets. Il faut notamment travailler sur nos ressemblances invisibles…
En parlant de recrutement, que dirais-tu à quelqu’un qui souhaite faire partie de cette communauté que tu éclaires de ta lumière ?
Tout d’abord, bienvenue !
Je leur dirais aussi qu’il faut oser sortir de sa zone de confort, parce que c’est l’inconfort qui nous pousse ensemble à faire des choses intéressantes, qui fait que ça va bouger. Précisons tout de même que ce n’est pas le risque individuel qui importe, mais de sortir de sa zone confort à plusieurs. Par ailleurs, il ne faut pas avoir peur de prendre des chemins de traverse, car c’est souvent sur ces chemins qu’il se passe le plus de choses… On peut y apprendre beaucoup. Du coup, pour résumer, je dirais : ‘Bienvenue. N’aies pas peur…. Même si ça risque de secouer un peu.’
Peux-tu préciser le type de profil que tu recherches ?
Je cherche des gens prêts à revisiter le métier de consultant, prêts à apporter leur savoir-faire et savoir-être à des organisations qui en plus besoin que les grandes entreprises, qui veulent entreprendre différemment et sortir de leur zone de confort. Je cherche des gens qui seront acteurs, dans un contexte rassemblant des personnes différentes et d’horizons différentes et qui ont des compétences qui se démarquent. C’est grâce à ces différences que l’on va proposer des choses intéressantes. On ne veut pas de clones !
Y a-t-il certains aspects que tu aimerais changer à propos d’YDNU ?
Il y a plein de choses que j’ai envie de faire. Mais, confronté au principe de réalité, je ne peux pas – et de toute façon, je ne veux pas – changer fondamentalement YDNU. J’aimerais plutôt apporter quelques améliorations, notamment sur l’aspect « communauté » de l’organisation. J’aimerais en effet que l’on ritualise et matérialise les échanges d’informations, de vécus et d’historiques entre les membres. Je veux réserver un temps pour ces échanges et l’organiser de façon plus formelle. Je veux que l’on construise notre histoire ensemble.
Pourquoi cette ritualisation te paraît si importante ?
Tout simplement parce que l’on peut tomber facilement dans le piège de l’individualisme. Dans le Conseil, on est souvent chacun chez nos clients attitrés, on est éclatés, séparés. Au sein d’YDNU, on arrive tout de même à ne pas être seuls grâce à différents outils de communication. Ceux-ci permettent aux personnes qui rencontrent un problème de s’adresser au reste de la communauté. Ainsi, personne n’est jamais seul, mais on ne se réunit pas assez souvent, pas assez en face à face. Il faut donc qu’on se fasse un peu de mal, qu’on préserve cette intelligence collective et cette pluridisciplinarité qui nous sont si chères. Sinon, on risque fort de retomber dans le confort de l’individualisme.
Parlons maintenant de « COMMEUNSEULHOMME », projet dont YDNU est partenaire depuis l’année dernière et qui a poussé les membres de notre communauté à se rassembler plus d’une fois. Peux-tu expliquer comment est née cette belle collaboration ?
J’ai rencontré Éric Bellion il y a plusieurs années lors d’un événement, alors qu’il préparait le Vendée Globe. Ma première impression était complètement basée sur le charisme du monsieur, qui savait expliquer son projet de façon très précise. C’était comme un effet « wow ». J’étais autant emballé par le contenu de son speech que par sa manière d’en parler. On a donc créé ce partenariat avec COMMEUNSEULHOMME quand j’ai créé You Don’t Need US. Il était hors de question de ne pas avoir un rôle à jouer dans ce projet, car quand on crée une entreprise, c’est un peu avec la conviction qu’on peut changer les choses. Moi, je partais avec l’idée de changer deux aspects du Conseil : le quoi et le comment. Je souhaitais et souhaite encore faciliter l’accès au Conseil pour les PME et les TPE et le faire grâce à l’intelligence collective, un principe qu’Éric et moi partageons et dont on pense tous deux qu’il repose essentiellement sur les différences de chacun. Il fallait donc que l’on travaille avec Éric pour faire de l’intelligence collective un outil performant au sein du monde pro.
En quelques mots, que représente ce partenariat à tes yeux ?
Notre collaboration avec COMMEUNSEULHOMME est un pas vers un monde meilleur. Bien que ce projet défende une vision du monde sans la preuve concrète en entreprise qu’elle soit performante, il est un moteur pour nous, il nous encourage à faire bouger les lignes. Et ensemble, nous formons comme un laboratoire qui teste cette vision, cette idée que la différence est une clé pour la réussite. Il n’y aura plus besoin de preuves, nous apporterons les moyens pour contribuer à la mise en œuvre de cette vision.
Parmi les cinq principes d’actions brandis par COMMEUNSEULHOMME, quel est celui qui t’inspire le plus ?
Le principe qui me parle le plus est FAIRE CONFIANCE. Je pense qu’il est le point de départ de tous les autres principes (oser la différence, innover par la contrainte, viser la performance durable et exulter en équipe, ndlr). Il faut pouvoir faire confiance mais aussi inspirer cette confiance pour pouvoir oser la différence, innover, atteindre l’harmonie… C’est un peu le principe zéro. Et c’est sans doute pour ça que c’est le plus compliqué à appliquer, surtout dans le monde du travail où il y a beaucoup d’apparences, où les gens investissent moins de leur propre personne, où il est un peu moins grave de ne pas accorder sa confiance. Pourtant, cela reste tout de même un moteur de réussite. Les projets complexes qui aboutissent sont le résultat d’une équipe qui s’est fait confiance. J’attends donc beaucoup de l’aventure de COMMEUNSEULHOMME pour montrer la lumière sur ce sujet.
Je crois savoir qu’il y a une deuxième valeur qui te tient beaucoup à cœur…
Oui, l’HARMONIE m’est chère également. Dans le monde du travail, viser l’harmonie est un objectif qu’il faudrait automatiquement se donner. Personne ne devrait aller au boulot avec la boule au ventre… En visant l’harmonie et la performance avec ses collègues, autour d’un projet commun, la résolution des problèmes devient moins pénible et davantage bénéfique. Chez YDNU, on veut vendre de la relation durable. Alors si l’on peut diffuser, montrer cette harmonie à travers notre offre, c’est une valeur ajoutée au produit, surtout dans le Conseil…
As-tu une idée plus précise de comment l’on pourrait appliquer ces deux principes au sein d’une organisation ?
La vérité, c’est que je n’ai pas la réponse aujourd’hui. Je ne sais pas comment appliquer ces principes mais ce que je sais, c’est qu’il faut y travailler. Il faut essayer, tester et persévérer. D’ailleurs, si ce qui nous lisent ont des idées, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter !
Malheureusement, l’entretien touche à sa fin. Mais avant de se quitter, on a une dernière question pour toi… si tu pouvais changer le monde à la manière de COMMEUNSEULHOMME, comment t’y prendrais-tu ?
Comme moyen de déplacement, je choisirais la marche. C’est un moyen de locomotion qui est propice à la réflexion. C’est a priori le plus lent mais tu avances quand même, tu vas à ton rythme et tu prends le temps de t’imprègner de ce qui t’entoure. Et puisque tu vas lentement, les autres peuvent s‘adresser à toi et vice-versa. Je trouve ça génial. Par ailleurs, j’emporterais avec moi une valeur : la bienveillance. C’est une valeur qu’on oublie un peu dans le monde professionnel et pourtant, c’est peut-être l’une des premières marches vers la confiance.
Si je pouvais changer le monde à la manière de COMMEUNSEULHOMME, ça serait à pied et avec la bienveillance dans le sac à dos.