Transformation digitale des PME : où en est France Num ?

La machine France Num, née début 2019, semble encore avoir du mal à démarrer. Un constat que déplore le rapport de la sénatrice Pascale Gruny livré en juillet dernier, qui liste les causes de la situation désavantageuse des PME françaises face aux avancées digitales. Le document fait également part de quelques recommandations prometteuses pouvant enfin mettre France Num en marche et aider nos petites entreprises. Mais quels seront les résultats ? YDNU s’interroge. 

En janvier dernier, le gouvernement français inaugurait la plateforme France Num. Une promesse « centrée sur une démarche d’intelligence collective » visant à accélérer le développement des TPE et PME du pays et accompagner leur transformation numérique, notamment grâce à la mobilisation de Régions de France et de 900 « activateurs » ou conseillers au service des entreprises. La plateforme servirait donc de boîte à outils générant recommandations, aide à la compréhension des enjeux du digital, formations locales et offres de financement. Avec France Num, l’Etat souhaite lancer la mutation digitale de plus d’un million de TPE et PME françaises d’ici 2022. Ça fait rêver…

Car la France, c’est près de 4 millions de TPE et PME, soit 96,5% du total des entreprises du pays. Or bien que dominant en nombre, ce sont les grands groupes et startups que l’on retrouve en tête de peloton dans la course au Digital. L’Hexagone se place ainsi à la 16ème place du classement européen sur la numérisation des petites entreprises et au 15ème rang dans le classement DESI (indice européen relatif à l’économie et à la société numérique). Le territoire a donc grand besoin d’une initiative telle que France Num, plaçant nos petites sociétés au centre des priorités relatives au Numérique. Malheureusement, le rapport d’information de la sénatrice Pascale Gruny, livré en juillet dernier, observe que la plateforme a encore du mal à déployer ses ailes malgré l’organisation d’opportunités locales, la mise en service d’outils d’auto-diagnostique et les 30 millions d’euros de contribution de l’Etat, appuyée par BPIFrance…

La culture du décalage

En cause ? L’illectronisme persistant des TPE et PME françaises. Globalement, le pays subit un blocage culturel face au digital et manque cruellement de formations dans le domaine, rapporte le document de la sénatrice.  Il y a par ailleurs un réel décalage de maturité numérique entre les grands groupes – qui ont les moyens de s’approprier les nouvelles technologies – ou startups – qui sont nées dans les pratiques digitales – et les TPE/PME aux modèles bien plus traditionnels. Un écart s’est également creusé au fil des années entre les petites entreprises et les consommateurs français : bien que 70 % des utilisateurs achètent et paient en ligne, seule 1 PME sur 8 fait usage d’une solution de vente en ligne…

C’est sans compter l’existence d’un problème plus technique, le dysfonctionnement des réseaux de connexion français. Les grands téléopérateurs « oublieraient » de raccorder des immeubles où des petites entreprises font leur nid, leur privant injustement d’une connexion 5G et optimale, et creusant ainsi les inégalités d’accès au digital entre les grands groupes ou startups et les petites entreprises. Par ailleurs, Mounir Mahjoubi dénonçait en mars dernier les pratiques économiques injustes des géants de la vente en ligne envers les nombreuses PME françaises, qui utilisent ces plateformes intermédiaires à défaut de pouvoir proposer leurs produits sur leur propre site. Déréférencées ou devant payer des tarifs de plus en plus élevés, les PME se retrouvent souvent financièrement désavantagées au profit des grand groupes. Ce coup de gueule justifié a amené quelques géants du web à signer une charte e-commerce en faveur du respect des PME et d’une relation équilibrée, transparente et loyale avec ces petites entreprises.

Il semblerait donc qu’entre leurs aversion, méconnaissance des avantages du Numérique, quelques litiges et autres problèmes techniques, les TPE et PME ont d’autres priorités ou du moins, n’ont pas encore le réflexe de se référer à France Num pour booster leur développement. La rapporteure déplore d’ailleurs un manque de lisibilité dans l’organigramme des accompagnateurs de la mission. Un détail tout bête, mais qui pourrait bien en rebuter plus d’un.

Une batterie de solutions…

Bien heureusement, Pascale Gruny n’a pas livré que de mauvaises nouvelles. Son rapport contient quelques solutions prometteuses que nous espérons rapidement appliquées. Pour contrer l’illectronisme français, par exemple, la sénatrice propose d’inculquer la culture du numérique et son écosystème dès l’école primaire, à l’instar des pays nordiques. Elle préconise notamment la systématisation de l’évaluation PIX (service public en ligne de certification des compétences numériques et la création d’un baccalauréat professionnel ‘services numériques’. Par ailleurs, 190 000 postes sont à pourvoir dans le numérique d’ici 2022, selon le ministère du travail.

Le rapport annonce aussi le renforcement des pouvoirs de l’Arcep et de l’Autorité de la concurrence pour casser contraindre les opérateurs tels qu’SFR et Orange à respecter leurs obligations de déploiement. Et pour l’affaire « géants du web », Pascale Gruny souhaite l’instauration d’une procédure simple de règlement des différends entre PME et grandes entreprises du numérique.

Enfin, la rapporteure prône également le volontariat numérique au des TPE et PME afin de répondre à leurs besoins digitaux ponctuels, souhaite la création d’un chéquier numérique valable partout en France pour unifier « les critères d’attributions des aides régionales à la transition numérique » et veut permettre aux petites entreprises « d’inscrire à l’actif du plan l’ensemble des investissements matériels ou immatériels concernés, y compris les prestations de conseil et de formation ». La sénatrice appelle également à la pérennisation du dispositif de suramortissement pour les investissements de robotisation et de transformation numérique.

Mais quels seront les résultats et quand les verrons-nous ?

Si le lancement de la mission France Num a fait naître un doux espoir chez YDNU, nous pensons que la France reste indubitablement en retard sur la question « PME vs. Digital ». Nous sommes tout de même heureux de voir qu’au programme de Pascale Gruny se trouvent entre autres l’amortissement des prestations de conseil, formations et autres investissements liés à la mutation numérique des PME. Car les solutions de transformation immatérielles, au même titre que l’achat de nouvelles machines, sont souvent indispensables à la survie et au développement pérenne d’une petite entreprise dans le paysage technologique actuel. Bon, notre jugement de Cabinet de Conseil est sûrement biaisé sur le sujet, les communautés comme la nôtre ont un véritable potentiel et une volonté démesurée de faire rentrer les TPE et PME françaises dans la cour des grands. Nous ne pouvons donc qu’encourager les mesures gouvernementales avantageant notre mission, il ne reste qu’à attendre de voir les résultats… La France prendra-t-elle davantage de retard ou la machine France Num est-elle vraiment en marche ? Les moyens soumis sont-elles suffisant pour assurer l’existence des PME ?

En attendant, les objectifs de You Don’t Need Us sont plus que jamais centrés sur les besoins spécifiques des petites entreprises. Car ce sont elles qui détiennent ces savoir-faire uniques, authentiques et culturels que les Français recherchent tant !

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